Wagonwheel Blues faisait partie des albums qui, en 2009, avaient
totalement relancé mon intérêt pour le rock alternatif. Rien que pour
ça je dois une fière chandelle à ces groupes qui, chacun à leur
manière, ont replacé l'Amérique au centre de l'univers indé. Sans
l'impact de Kurt Vile, Girls, Crystal Stilts et the War On Drugs pour me
sortir la tête du trou, je serais peut-être arrivé, à force de déterrer
les vieilles babioles des collectionneurs, à racler le fond de la
croûte continentale. Mes nouvelles inspirations ont eu le mérite de me
faire remonter la pente jusqu'aux années 90, c'est-à-dire à mon
adolescence, et non plus à celle de mes parents.
Mais l'histoire risque malheureusement de s'arrêter là pour la plupart
des groupes qui ont eu cet effet régénérateur. Ou elle continuera sans moi,
dans la demi-pénombre de l'indie-rock pour minorités culturelles. Des
groupes cités, seul Girls semble résolu à suivre le chemin de la
réussite. Les autres sont en train de glisser. Crystal Stilts abuse de
la réverbération jusqu'à rendre tout à fait désuète chacune de leurs
chansons - devenues des gadgets vintage -, Kurt Vile et les War On
Drugs, eux, empruntent la même direction médicamenteuse et amorphe,
tandis que Best Coast, Dum Dum Girls et Vivian Girls n'ont guère plus
d'intérêt à force de piailler. Brève étincelle dans la nuit de la pop,
cette galaxie semble avoir déjà vécu. Elle décline, par atrophie de ses
parties. Aucun désir d'expansion ne semble motoriser ces groupes qui
préfèrent se confiner dans leur statu quo, végéter, lamentables, comme
des plantes privées d'air et rabougries.
The War On Drugs était pourtant celui dans lequel j'avais placé le plus
d'espoir, parce que leur premier album, malgré quelques longueurs,
contenait des hits potentiels, mal arrangés et souvent crapoteux mais
très entraînants, à l'image de Arms Like Boulders.
Slave Ambient n'a pas totalement renoncé à ces fulgurances (voir Baby
Missiles, avec cette impression d'entendre l'harmonica de l'espace - ou
de la country dans la Guerre des étoiles!) mais il ne les a pas portées
vers plus de perfection et de plus, les a raréfiées. Il faut attendre
Blackwater pour retrouver un élan.
L'album n'est pourtant pas raté: aux oreilles attentives il offre même des passages de guitare affriolants (Best Night) et il ressemble trop à Wagonwheel Blues
pour s'avérer un échec complet. Mais il ne s'en émancipe pas assez non plus pour
tenir ce qu'on a pris déraisonnablement pour des promesses. Je suppose
que je finirai quand même par l'acheter, parce que dans le genre, il n'y
a pas grande concurrence (reconnaissons leur originalité) mais je reste
déçu qu'ils ne profitent pas plus de ce monopole.
Voilà donc mon sentiment mitigé sur cet album qui, paradoxalement, trustera les premières places de mon classement de fin d'année, à cause d'une poignée de titres, de son ambiance unique, et aussi, avouons-le, de la parenté avec une culture indé que j'aime (Galaxie 500, Spiritualized) et qui titille toujours cette partie du cerveau dévolue à la mémorisation des expériences agréables.
La country de l'espace, jolie métaphore qui sied très bien à l'album !
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