La chanson de la semaine

jeudi 1 octobre 2009

des chansons en or (3)


Celle-là, c'est un phare. Aucune influence, aucune hérédité. Black out total depuis des années. San Francisco est juste 1) un hymne à la gloire d'une grande ville 2) un tube adorable, bien au-delà des années 60. Je pourrais vous dire que c'est du niveau de Lennon ou de Ray Davis, mais à quoi bon le préciser? L'homme qui est à l'origine de ce morceau est tout simplement leur égal. John Phillips n'est autre que le leader discret des Mamas and the Papas, quartette populaire d'un compositeur resté dans l'ombre de ses tubes.
Ce type, qui avait l'air plus sympathique que la moyenne, voyait la lumière partout. Il chantait des morceaux tristes sur son album solo et pourtant on n'y voyait jamais que le soleil, la plage, la mer. Un soleil déclinant il est vrai. Mais toujours ces atmosphères en demi-teinte, où la gaieté et la nostalgie marchent de concert, toujours cette même ambiguïté de sentiments...Ce type était le Watteau de la Californie, le Verlaine des bords de mer. La même grâce, le même léger badinage. Pour moi, rien n'est jamais franchement triste chez lui, ce serait plutôt une nuance délicate du bonheur, une subtilité suave et rare. Mais le compositeur de chansonnettes ne se contentait pas d'écrire pour lui et son groupe. Il donnait aussi aux proches. Un jour l'idée lui vint d'abandonner une chanson à son ami Scott McKenzie, peu doué pour la composition mais indéniablement meilleur chanteur. Et on aura beau dire, spontanéité oblige, l'esthétique do it yourself, tout le baratin punk, ça vaut peut-être pour la valeur expressive, mais ce n'est pas comme ça qu'on fait la pop. La pop est une fabrique, un artisanat, il faut de bons interprètes, une voix solide. C'est léché, travaillé, retapé...et ça donne un tube aussi splendide que celui-là, quelque part entre la gaieté d'une période sans nuage, le havre de paix qui ravive des nostalgies vagues, des rêves d'Eden un peu niais mais doux pour l'esprit, et, toujours, ce sentiment trouble, cet élan qui magnifie pendant quatre minutes la vie de l'auditeur. Très fort!

San Francisco (Be Sure To Wear Some Flowers In Your Hair)
in SAN FRANCISCO, 1967 sony music
Scott McKenzie

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