La chanson de la semaine

samedi 14 novembre 2009

Bosque Brown


Le voici, enfin disponible par chez moi, cet album tant attendu. C'est une déception, mais il est là quand même, imparfait et bancal. Les journaux vont-ils en faire tout un foin? Je pense au succès d'Alela Diane, à celui de Joanna Newsom... A ce prix, on peut bien chanter les louanges de Bosque Brown. Mara Lee Miller vaut bien les susdites chanteuses. Néanmoins, Baby n'est pas un chef d'oeuvre. C'est comme ça, les gens qui s'occupent de son myspace ne sont pas bêtes, ils ont mis en exergue les deux meilleurs morceaux de l'album, le terrible "went walking" et "the train". Là, on se sent plus près de la chaleureuse Karen Dalton que de l'excentricité pénible de Joanna Newsom. Le temps d'une mesure ou deux, Mara Lee Miller frôle le grand frisson. On se demande si ce n'était pas de l'impro. D'ailleurs le disque est claudiquant, les structures sont minimes et le chant divague souvent. Trop, sans doute. Même Went Walking, à y regarder de plus près, souffre d'un excès de maniérisme. La façon de traîner les mots, de les expirer (quand elle chante "sky" par exemple), c'est irritant. Presque gêné, je n'écoute le disque que pour en parler à vrai dire. Ce n'est pas qu'il soit mauvais, mais en matière de chant, j'ai tiens sans doute à mes canons. Il est probable que je ne sois pas seul à le penser, même si pour le moment l'album rencontre un succès critique - que je ne juge pas immérité ou injuste, mais simplement un peu surfait. Il se trouve qu'à force de forcer l'intensité, on finit par douter d'elle.

mercredi 11 novembre 2009

Blakroc (ils arrivent!)


Ne manquer ça sous aucun prétexte. Le 27 novembre sort le disque du projet rap (oui, RAP) du duo d'Akron (Ohio), les puristes Black Keys. Généralement écoutés par des puristes du blues-rock (qui n'est pourtant pas un genre de puriste), les Black Keys ont rêvé d'un truc de fou, réunir les deux cultures presque ennemies, rock (réputé pour être devenu le genre dominant de la bourgeoisie blanche) et le rap (la musique des zonards, souvent reléguée dans les bas-fonds d'où elle vient, puisque subsistent les inévitables préjugés de classe - en même temps, d'autres rappeurs aux USA, tout sulfureux qu'ils soient, roulent en décapotable et font étalage de leur richesse...). Ainsi, pour chaque chanson, les Black Keys ont réalisé la musique tandis que des invités rap déversent leur flow en rythme. L'album est attendu avec impatience par beaucoup de gens, à cause des premiers extraits (surpuissants) et du trailer (surpuissant aussi).
Dan Auerbach et Patric Carney se sont sans doute levés un jour avec une idée fixe: "I had a dream" - c'est que les Black Keys soient plus énormes que les White Stripes. Cela peut vous sembler gros (à eux aussi peut-être, car somme toute je prête des intentions démesurées à un groupe modeste), le fait est que désormais ils ont les moyens de leurs ambitions (et s'ils n'en avaient aucune, ils peuvent maintenant en avoir). En tout cas, si c'est déjà un plaisir de voir une cloison s'abattre, ce qu'il y a de mieux c'est que le duo blues-rock a fui l'inanité des déclarations de principes, ces généreux croisements de laboratoire qui mènent à l'impasse. Blakroc n'est pas un simple concept d'hybridation musicale: c'est une réussite empirique. Bien sûr, je n'ai pas écouté l'album entier, mais seulement trois chansons. Trop peu pour savoir si sur la longueur, il n'y a pas quelques redites, mais assez pour sentir trois coups de canon dans la vitrine - qui vole en éclat. Voici le premier extrait officiel. Le fait que j'aimerais avoir la chemise de Dan Auerbach n'est qu'une considération futile. La musique, le flow, le clip, c'est du sérieux: lourd, puissant, compact. Pour ceux qui en veulent plus, sachez qu'on peut trouver les vidéos du making-of, semaine après semaine.

mardi 10 novembre 2009

Des hymnes?


Si j'en juge par le courrier des lecteurs de Mojo et d'Uncut, ce disque a trouvé un public outre-manche - à raison d'une occurrence dans chaque journal, peut-on appeler ça le prélude au succès? Le folk a bonne mine en tout cas. Fleet Foxes l'an passé, cette année Low Anthem? Ce n'est peut-être pas systématique quand même. Comme les barbus de Seattle, ce trio séduit et ennuie en même temps. Il a la particularité - rare! - de réunir deux publics différents: les fans de rock sale et les fans de folk efféminé. On passe sans prévenir d'une chanson typée Bon Iver à un morceau de Tom Waits interprété avec le côté casse-cou de Bruce Springsteen. La cohérence dans tout ça? Peu importe, ceux qu'exaspèrent le folk éthéré pourront se réjouir d'avoir trois titres costauds à se fourrer dans les oreilles: The Horizon is a Beltway, Home I'll Never Be et l'excellent Champion Angel. Avec ça, ils ont un ep fort recommandable. Mais l'autre visage du disque a néanmoins ses qualités. To Ohio, par exemple, n'est pas déplaisant. Cage the Songbird a de bons couplets, avec une voix proche de celle d'Alan Sparhawk. Ce qui étonne, c'est de savoir que le même chanteur est toujours au micro alors que musicalement il joue à saute-mouton. Bon disque dans l'ensemble. Et puis, quand ça ne va pas, il y a toujours un peu d'harmonica pour rendre sympathique. Ils n'ont pas à rougir; un groupe amateur sortirait cet album, il ferait grand bruit. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant à constater l'engouement des médias - même si celui du public aura plus de mal, je le pressens, à suivre.

OH MY GOD, CHARLIE DARWIN
The Low Anthem
Bella Union, 2009

mercredi 4 novembre 2009

Seven Songs Shaping My Fall


Sept, nombre favori des superstitieux, moins ambigu que le treize et plus pratique pour une playlist rapide. Je joue le jeu, proposé par Thanu, du blog There's Always Someone Cooler Than You (ce qui est vrai). Le principe est simple: lister 7 chansons que vous écoutez beaucoup en ce moment. Pour plus de détails, voici l'intitulé exact:

List seven songs you are into right now. No matter what the genre, whether they have words, or even if they’re not any good, but they must be songs you’re really enjoying now, shaping your life. Post these instructions in your blog along with your 7 songs. Then tag 7 other people to see what they’re listening to.

Idéalement, je souhaitais proposer un lecteur regroupant les chansons mais l'une d'entre elle n'était pas présente dans la version désirée.

1 - Wedding Bell (Beach House)

Dans la suite logique de ce que j'écrivais récemment, voici le premier très beau morceau du très bel album de Beach House, Devotion. Vous comprendrez mieux pourquoi ma chronique était très métaphorique. C'est indescriptible.

2 - Tell My Mom I Miss Her So (Ryan Bingham)

Même si je n'aime pas autant son deuxième album, cette chanson, qui en est extraite, est pour moi l'une de ses meilleures, juste derrière Southside of Heaven.

3 - Anyway That You Want Me (Spiritualized)

Puisque je l'ai choisie pour figurer dans la section chansons en or (qui ne sont pour le moment qu'au nombre de cinq), vous vous en ferez vous-même une idée.

4 - Travelling Man (Bert Jansch)

Une bien vieille chanson (1973), remasterisée récemment pour la réédition de L.A.Turnaround. Aussi belle que, à tout hasard, Needle of death. Mais après avoir vu la vidéo de l'enregistrement en studio, celle-ci s'est attirée mes faveurs.

5 - Hellhole Ratrace (Girls)

Deux branleurs de première, avec pour obsession vraissemblable les filles, la gnole, les filles et un peu la gnole. D'habitude, ça m'indiffère. Mais ayant grandi dans les années 90, je me sens en territoire connu avec eux. Leur son me plaît beaucoup et, au-delà, mine de rien, il y a de la mélodie.

6 - More News From Nowhere (Nick Cave and the Bad Seeds)

Depuis trente ans, et après des débuts post-punk dont je suis moins friand, Nick Cave est toujours un caïd. Je fais partie de la proportion d'amateurs qui préfèrent justement des morceaux comme celui-ci à From Her to Eternity. Et il faut visionner le clip, c'est très bien fait.

7 - Catch the Wind (Donovan)

La voici la dernière, celle que je n'ai pas voulu faire écouter. Entendons-nous bien: la version single, celle qui fait deux minutes et quelques, est selon moi très moyenne. En plus, il essaie de chanter comme Dylan, alors qu'il a la chance d'avoir une voix très pure. Préférez la version de 5 minutes, celle des bonus de Hurdy Gurdy Man; le final est somptueux. On y entend de la batterie, de la passion et des envolées vocales.

Découvrez la playlist seven songs shaping my fall avec Spiritualized


Sont invités à poursuivre la chaîne:

hanskilledwildcat
the music rainbow
la musique à papa
le choix de Mlle Eddie
musique-indie
windingtree
homesick in paradise

mardi 3 novembre 2009

Prêts?

Voilà, les groupes et artistes sont listés, dans l'ordre alphabétique pour que ce soit plus facile de s'y retrouver. J'ai ajouté en dernière intention Jay Reatard et Kasabian, que j'avais oubliés. Ils sont en fin de liste. Les autres oublis ne sont à mentionner que si vous le jugez utiles, c'est-à-dire si j'ai oublié un de vos artistes préférés. Vous êtes de toute façon invités à déposer et commenter votre liste personnelle ici-même au cas où le principe du sondage anonyme vous semblerait peu intéressant. Je ne doute pas des déceptions du côté des lecteurs qui aiment le folk-rock, l'americana et l'alt-country. C'est normal, cette liste est plutôt généraliste et les genres sont représentés en fonction de leur visibilité dans les médias rock (il s'agit donc tout d'abord de choisir entre ce que les médias ont chroniqué). C'est surtout pour cette raison que j'ai proposé d'ouvrir les commentaires aux listes personnelles, chacun pourra mettre en avant la perle rare.

C'est dit, maintenant vous pouvez y aller, pas besoin d'attendre le 31 au soir pour savoir ce qui, en 10 ans, vous aura marqué.