La chanson de la semaine

mercredi 22 septembre 2010

Crazy For You


Après avoir adoré le single "When I'm with you", l'hymne de Los Angeles qui en a rendu fou plus d'un, tout le monde, sur la blogosphère, semble s'être mis de connivence pour traiter Bethany Cosentino en pestiférée. Son tort, il est vrai, est d'avoir dupliqué la chanson sur douze petites plages moins enthousiasmantes. Pour s'attirer encore un peu plus d'opprobre, elle a eu la malchance d'être couverte de lauriers par Pitchfork et les Inrocks. C'est le pompon. Le blogueur lambda, scrupuleux comme il est, n'avait plus qu'à retourner sa veste: après avoir contribué largement à son éloge, avant que celui-ci ne soit récupéré par l'ennemi (la presse bobo), il décide, logiquement et avec beaucoup de bonne foi, de jeter le disque aux ordures. Il faut qu'il en fasse autant pour les Klaxons et Wavves, sinon il n'est plus crédible.
Mais enfin, au lieu de se regarder en chien de faïence, presse et blogs devraient s'accorder à marcher dans le même sens, puisque, dans le fond, il s'agit des mêmes personnes qui écrivent ici ou là, selon les aléas de la vie. Il semble difficile de cracher sur la soupe quand on en a aimé les ingrédients: ne retrouve-t-on pas dans Boyfriend ou Honey ce qui a chaviré nos cœurs avec When I'm With You? L'album est un peu en-deçà de l'été éternel auquel nous conviait ce single devenu archétype, mais il est bon, il crachote un peu le son de guitare réverbéré qui plaisait déjà chez les Dum Dum Girls ou les Vivian Girls. Il n'apporte plus rien, car la fleur, en l'espace d'un single parfait, a ouvert bien grand sa corole puis s'est refermée, après avoir arboré ses couleurs dans un éclat si vif qu'il a laissé une trace sur la rétine. Le reste est désormais un peu plus ou un peu moins, mais la perfection de la forme a connu son heure, trop brève. Gageons que tout disque supplémentaire, dans la même veine, sera désormais de trop aux grincheux et aux blasés - ainsi qu'à ceux qui, tout simplement, et c'est leur droit, n'ont jamais goûté à ce genre de plaisir. Le chapitre, destiné à se clore trop vite, devra néanmoins connaître une suite, car ces groupes, sans compter les déséquilibrés de Wavves, n'en sont qu'à leurs débuts.

dimanche 19 septembre 2010

Infinite Arms


Cette histoire-là ne concerne pas tout le monde. Du moins, pas en France. Par curiosité l'internaute lambda peut néanmoins rester et parcourir cette page pittoresque, où il découvrira ce genre venu du pays de l'Oncle Sam, qu'on appelle Americana et qui se trouve ici représenté sous son jour le plus pop.
Band of Horses est un groupe attendu. Depuis maintenant 4 ans, l'espoir du folk-rock américain moelleux et chaleureux, ce genre de musique qui a troqué le son roots des Felice Brothers pour une approche plus fédératrice, ne cesse de satisfaire les déçus de My Morning Jacket ou les fans de Drive-By Truckers en attente d'une relève sérieuse. Il faut dire qu'à part eux, aujourd'hui, personne n'est à la hauteur. Wilco, par exemple, fait peine à voir dans son accoutrement soft-rock. Seul Band of Horses semble en mesure d'associer de vagues racines country-rock à une ambiance rêveuse, un son arrondi, des refrains pop lunaires et tristes. Factory, Blue Beard, On My Way Back Home, semblent ainsi mêler la chaleur et la lumière d'une route américaine à une virée nocturne dans les grandes villes aux néons multicolores. Le résultat est très consensuel et a un fort potentiel commercial, mais Band of Horses réussit aux USA ce que Coldplay n'a pas su faire en Angleterre : une pop middle class rêveuse mais assez ouvragée pour que l'oreille n'y perçoive pas qu'une plainte molle. On peut reprocher à Infinite Arms sa tiédeur - surtout par comparaison aux secousses intempestives qui traversaient the Funeral en 2006 - mais ce défaut est accepté d'office dans la mesure où il est presque constitutif du genre et qu'en plus il est compensé par des mélodies plaisantes. Le nouvel album de Band of Horses n'est donc ni un chef-d'œuvre, loin s'en faut, ni un pas en arrière: il suit la routine empruntée par un groupe qui ne semble pas pressé d'exacerber ses défauts et qui, au contraire, leur tient continuellement la bride. C'est ce qui fait cette drôle d'impression: Infinite Arms est trop policé, trop consensuel, et en même temps il est touchant malgré cela. Mieux, je pense, que Fleet Foxes, avec qui il partage certains points communs.