La chanson de la semaine
mardi 12 mai 2009
Lourd
Disque de l'année précédente pour tous ceux qui ne se cachent pas la tête sous l'oreiller lorsqu'ils entendent des mauvais riffs de heavy-metal, ce second album des Black Mountain est décidément un poids lourd. Lourdingue même. Morceaux à rallonges, guitares graisseuses, hurleuse de mauvais goût, le tout empaqueté à la mode progressive, pochette à l'avenant. Esotérisme bidon, évidemment, juste pour l'ambiance, pour dire de faire comme dans les seventies. C'est que la chose en devient attendrissante à force d'être stéréotypée.
Deux morceaux de ce salmigondis se distinguent, à la fois par leur concision et leur réussite éclair. Angels et Stay Free, largement au-dessus de la mêlée - indistincte -, s'affirment par la netteté de leurs contours pop (pour le premier) et folk (pour le second). Angels est une sorte de ballade planante très bien chantée, libératrice, émotive, un truc à prendre au premier degré, à fleur de peau, un rien galvanisant. C'est ce genre de chanson hyper stylée, à la limite de l'hymne, qu'on écoute vingt fois de suite. Le premier disque du groupe avait lui aussi son moment fort, dans le même genre: Set us free, qui finissait en apothéose avec ses murs de guitare pulsionnels. Angels est moins impressionnant mais tout aussi bon. Stay free est une chanson moins marquante, mais plaintive comme on l'aime. Un peu Galaxie 500 en moins aqueux. Avec ces réussites, carrées et efficaces, notre album a belle allure. Qu'est-ce qui a pris à Stephen McBean? Un coup de sang? Peut-être a-t-il voulu asséner une grande volée dans la fourmilière. C'était, en un sens, bien senti. Après des années de rock à dominance brit-punk, on a cru respirer, pouvoir revenir à quelque chose de plus conforme à nos aspirations. On rêvait, il est vrai, d'un mastodonte à la mode seventies, c'est-à-dire, non pas un album rétro, mais un album concept, qui réhabilite par le même effet la notion d'album. Pour le coup, on n'y est pas encore! Deux morceaux dans l'i-pod, et pour le reste, on écoute à dose homéopathique, quand, dans un moment d'exubérance semblable à celui qui a tourné la tête à McBean, on se prend à rêver de musique spatiale. En attendant le futur Warlocks, et pour digérer un peu ce In the Future bizarre et compact comme un marbre, on peut écouter Pink Mountaintops, side-project de McBean, plus convaincant et surtout splendidement nommé. Pour ceux qui apprécient ce genre de démesure conceptuelle, il existe aussi, dans un registre plus dansant et limite disco, Mgmt, toujours champion de la pochette la plus space, mais maintenant égalé par Bat For Lashes.
IN THE FUTURE
Black Mountains
Jagjaguwar, 2008
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