La chanson de la semaine

mardi 12 mai 2009

Sometimes I Wish We Were An Eagle


Cet homme a frôlé le succès. Une chanson comme Diamond Dancer, c'était un marche-pied vers la gloire. Quelle radio pouvait résister à cette petite ode singulière et chatoyante? Toutes, hélas. Et l'occasion ne se présentera vraisemblablement pas deux fois. Par une fatale entropie, Bill Callahan est retournée dans sa cabane d'ermite. Esseulé, il écrit à nouveau, comme au temps de Smog, des chansons tristes. Diamond Dancer était une "parenthèse enchantée", un moment de lumière pure, un tube d'americana romantique et léger, une chose finalement incongrue dans la carrière brumeuse et un peu routinière de ce Lambchop bis. Car, désolé pour lui, mais la comparaison est inévitable. Encore plus à l'écoute de cet album dans lequel sa voix posée ressemble à s'y méprendre à celle de Kurt Wagner, qui doit compter les fans qui lui restent sur les doigts d'une main après les avoir tous soigneusement assommés avec ses ritournelles somnolentes et ses infusions de verveine menthe. Heureusement Bill Callahan n'a pas tout à fait baissé les bras, il y a encore, dans cette musique sereine, quelque chose du foisonnement de son précédent disque, comme par exemple des arrangements soignés, des ponts qui happent les oreilles les plus patientes (too many byrds pas exemple), un aspect relativement accueillant pour préparer le terrain. Ce sont en fait, comme on pouvait s'y attendre, les impressions sur le long terme qui sauvent et transcendent ce disque très rentré, assez monotone mais finalement solide. Le problème est que cette solidité ne laisse entrevoir que peu de failles réellement engageantes. Du moins, si aucune chanson ne sort réellement du lot aux premières écoutes, toutes ont des moments forts, des instants de chavirement où quelque chose se dessine qu'on ne prévoyait pas au premier abord. C'est ce qui explique peut-être la sensation de plaisir grandissante au fil des écoutes. Alors qu'au même instant, des albums plus sensationnels s'épuisent déjà, le deuxième disque solo de Bill Callahan semble grandir à vue d'oeil. Jusqu'où ira-t-il?

Sometimes I Wish We Were An Eagle
Bill Callahan
Drag City, 2009

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