Voici un morceau du feu de Dieu. Rien entendu de tel depuis Dogwood rust, le titre d'ouverture d'Avatar, l'album des Comets on Fire avec des nuages d'orage (ou de fumée peut-être) au dessus des pins. Superbe pochette d'ailleurs, qui disait bien la furia du groupe, l'état de délabrement et en même temps de concentration qui se dégageait de leur musique épique et ravageuse. Les Crystal Antlers rappellent - même s'ils s'en défient - ce type d'expérience sonore, cet impression de lave en fusion, d'éclatement et de drame. Ils sont jeunes, mais ils ont sans doute bien connu la musique des années 90, car on retrouve dans ce brûlot la grandiloquence bruyante (bruitiste même) et la gravité de l'indie-rock américain des nineties (j'entends la rage de Nirvana par moments). Mais non, contrairement à ce qu'ils pensent, ils n'ont pas grand chose à voir avec la musique punk (lire l'article dans la magazine Eldorado), car il ne suffit pas d'être agressif et sans fioritures pour faire punk. La réalité du punk est surtout sociale, la musique est crue et directe parce qu'il n'y a pas souvent de réverbération (l'impression de profondeur du son) et par là même, pour glisser sur le sol pentu de la métaphysique, aucune ouverture n'est laissée à la possibilité d'un arrière-monde. Le punk c'est un monde qui non seulement est débarrassé de Dieu mais qui, de surcroît, s'en contrefout. C'est tout, tout de suite, et surtout, on ne l'a pas assez dit, ICI. Une expérience de proximité, voire de promiscuité. Les pieds arrimés au sol, les yeux dans les yeux, et pas au ciel ni tournés vers son monde intérieur. Les Crystal Antlers sont différents; volontairement ou pas, ils laissent une distance entre la vie de tous les jours et leur musique. C'est violent mais ça porte au rêve, c'est agressif mais parfois lyrique, voire légèrement planant. Le son est confus, pas de contours nets, la voix est un hurlement qui vient de loin. Il y a quelque chose d'irréel. C'est peut-être pour ça qu'au lieu d'être catalogués punk, ils sont souvent, malgré eux, étiquetés psychédélique. Je leur laisse le choix, mais ce qui est sûr, c'est que leur morceau Andrew tape un grand coup.
TENTACLES
Crystal Antlers,
Touch & Go, 2009
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