La chanson de la semaine

samedi 26 septembre 2009

L'Automne


Les grandes vacances ont été longues. Où était-je parti si longtemps? En Indonésie? En orbite autour de la Lune? 20 000 lieux sous les mers? Je vous fais grâce des détails. Maintenant que je suis de retour aux affaires, entrons dans le vif du sujet. L'automne pointe à peine le bout de ses feuilles que Noah and the Whale nous invite aux premiers jours du printemps. On le saura pour l'an prochain. Sauf que, à bien y réfléchir, ça sent aussi l'automne...cette mélancolie...le dénuement des chansons... Le groupe s'est éloigné de la pop playmobil des débuts. Souvenez-vous, ce titre, 5 years time, c'était la Bamba pour les empileurs de lego de la pop music. Rien de bien intéressant. Mais cette fois, il y a une curiosité. Elle vient à la fois d'une maturité nouvelle, grave autant que légère, et de la distanciation affectée par la voix de Charlie Fink. Par sa manière de la poser, sobrement, sans chercher la mélodie, il nous rappelle Bill Callahan, autre folkeux à avoir sorti cette année un disque de...rupture. Coïncidence, j'en parlais ici-même il y a quelques mois, Bill Callahan s'est lui aussi fait plaquer et a sorti un disque en conséquence. Les climats ne sont pas identiques, mais les voix sont proches cousines. Est-ce l'effet universel de la rupture? On a pu reprocher (du moins les gens heureux ont reproché) à Charlie Fink sa mélancolie, le ton plaintif de son chant. Mélancolique, son disque l'est surement, mais dire que sa voix est plaintive est presque un contre-sens, il y a dans son timbre un air de "je n'y touche pas" qui le rend particulièrement attachant et qui confère à ce disque monotone et bleuté sa touche de légèreté, son parfum printanier, son odeur de lilas à peine perceptible. Rien que pour ça il mérite l'attention, alors que d'un autre côté, il faut avouer que onze morceaux du même tonneau peuvent lasser, même s'ils sont entrecoupés par les absurdes choeurs de Love of an Orchestra, sorte d'intermède hideux qui vise à chapitrer l'histoire sentimentale que le disque déroule tout du long. C'est un point important, pour tous ceux qui s'intéresseront aux paroles, de savoir qu'il s'agit d'un album concept narratif et linéaire: le temps passe et apporte avec lui de nouvelles réflexions aux atermoiements de l'amoureux. C'est une eau qui court, mais avec des remous ça et là. Le premier morceau porte en germe tous les accomplissements futurs (l'eau est la même à la source) mais il interpelle d'autant plus qu'en début d'album on est troublé d'entendre cette voix si distante et si calme. Evidemment, on s'habitue (un peu trop) vite, mais il y a encore de beaux moments, comme I Have Nothing, My Broken Heart ou Blue Skies. A écouter au moins une fois, en fin d'après-midi, au calme.

THE FIRST DAYS OF THE SPRING
Noah and the Whale
Mercury, 2009

1 commentaire:

  1. Un an plus tard, j'écoute ce disque avec le même plaisir, la même émotion parfois. Il fallait l'écrire. C'est rare. Comme quoi, la sobriété et la discrétion disent parfois beaucoup, mais elles prennent du temps pour le dire.

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