La chanson de la semaine

vendredi 16 juillet 2010

The Coral

Il y a deux jours, j'ai eu la dent dure avec le dernier album des Coral. Il y a bien sûr de bonnes et mêmes d'excellentes raisons à cela. Mais soyons honnêtes, Butterfly House n'est pas totalement répugnant, il se laisse même écouter, bien que, d'une façon oblique, ce soit là son principal tort. En fait, pour qui a la faiblesse de goûter au folk-rock doucereux et lumineux des Byrds, cet ultime effort présente quelques qualités louables. Mais cette pop gentillette aux allures de pastorale a-t-elle une finalité plus relevée, plus universelle, plus admirable enfin, que de plaire à deux ou trois toqués tels que moi perdus dans la solitude de leur niaiserie? Pour cette raison, j'avoue, j'ai honte d'écouter à l'instant même, avec un certain plaisir, Sandhills.
Mais brisons-là: je ne tresserai pas de louanges à l'adresse d'un disque que j'ai préalablement - et avec la tête froide - démonté en miettes. Butterfly House ne mérite que les éloges des néophytes, pas celui d'un fan des Coral. Quoiqu'à la vérité j'aie dit beaucoup de mal, cette mauvaise foi avait des fins utiles. La première d'entre elles était de ne pas juger ce groupe sur la foi d'un album, comme trop de gens risquent de le faire; la seconde était de recentrer l'attention du public sur leur premier album. Si en aucune manière j'y parvenais, je pourrais m'estimer satisfait et fier de mon travail.
Voici réunies plusieurs chroniques que j'ai écrites en l'honneur de The Coral, 2002. Assemblés ici même et lus en une fois, ces textes zélateurs risquent de décourager l'homme sobre qui, par hasard, y jetterait un œil curieux. Je ne peux toutefois pas m'excuser pour ce ton dithyrambique car, vraiment, je n'ai jamais rien entendu de meilleur, sauf quand, en 2000 je découvrais Ok Computer. Histoire de situer le niveau...


Dans le fond, quand on parle des Coral, autant se référer au premier disque. Cela évite de dire des âneries. Je les trouvais d'abord impressionnants mais un peu trop horlogers (Magic and Medicine), puis modernes mais casse-tête (Nightfreak), enfin j'ai trouvé un excellent groupe à single (Singles Collection). Il était juste temps de trouver l'album parfait. Ou presque, je ne saurais oublier que Skeleton Key, même si elle est marrante, file le tournis. Et puis la seconde moitié de l'album, si on veut pinailler, est moins décisive que la première, mais il n'empêche qu'elle finit sur Calendars and Clocks, encore un chef d'œuvre à l'actif du groupe. Diversement appréciée, cette chanson est néanmoins le gros morceau d'écriture musical, un itinéraire compliqué mais parfait à travers la musique pop et psyché. A l'image de l'album en fait. Le premier disque des Coral, le plus rock, le plus énergique et le plus anglais de leur carrière (qui devient de plus en plus byrdsienne au fil du temps) est un condensé tantôt farfelu, tantôt émouvant d'un grand nombre d'influences (ska, brit, sixties, psyché) qui se télescopent dans des chansons à tiroir virtuoses qui ont l'immense avantage de pouvoir être réécoutées à volonté sans pour autant révéler tous leurs secrets de fabrication (l'oreille est constamment sollicitée par des changements de registres, des détails soniques, etc). L'interprétation de James Skelly donne la mesure de cette folie douce et de ses sautes d'humeur: de la douceur à la gueulante, c'est à sa voix qu'on doit les meilleurs moments: Dreamin' Of You, I Remember When, Calendars and Clocks... Au niveau du chant, c'est bien plus que de la pop, car on entend une conviction et une intensité qui n'est pas propre au genre, c'est presque une forme de white-soul occulte. Le plus étrange disque des Coral (car dans le fond, il est assez curieux et pas si passéiste qu'on a bien voulu le dire) est aussi leur plus grand disque. Moi qui déteste dans 98% des cas le ska-rock (les 2% restant vont à Madness), je n'aurais jamais imaginé qu'un enregistrement proche du genre puisse faire partie de la liste très serrée de mes albums préférés. (06/04/2010)


De loin, de très très loin leur meilleur album. Je ne vais pas ergoter pendant des heures sur la qualité infinie de the Coral. L'exercice ne rime à rien; il suffira à chacun d'écouter. Mais je peux dire tout mon amour de ce disque. The Coral est un disque total, jouant des ruptures et des émotions, des genres et des registres, c'est une poupée russe qui cache toujours un modèle réduit plus petit, un grand huit qui ne donne pas de haut-le-cœur, un panorama de l'Angleterre à 360°, un collage semblable à la pochette, sauf qu'il est archi-structuré sous ses dehors tarabiscotés et tirés par les cheveux, un magnifique coup d'audace, démonstration de maîtrise, et de l'écriture musicale, et des instruments, nombreux, qui accrochent toujours l'oreille par un détail ou un autre. Il est pop, rock, soul, lad, planant, psyché, ska. Et en plus, il a un chanteur. Ce qui est rare. Vraiment, si je venais à le perdre et qu'il n'en restait qu'un dans le monde, même à un prix astronomique, je tenterais de l'obtenir. J'en ferais mon objectif de vie (un horizon des plus respectables). Peut-être même éprouverais-je une certaine sérénité à poursuivre un objectif si clair, si précis, même s'il parait plus vraisemblable que je sois très nerveux et très frustré à l'idée de ne plus l'écouter.
J'échangerais volontiers ma discographie pour ce seul disque, même si j'en connais quelques autres de très bon. Dernier exemple: si une loi interdisait les Coral dans mon pays, j'émigrerai, au moins lorsque je sentirais que ma fin approche, pour l'écouter une dernière fois. J'aime moins Skeleton Key, Bad Man et Spanish Main, mais ce n'est p
as grave, chaque morceau a sa valeur, sa particularité qui l'isole et le transcende. Je considère comme homme de bienfaisance le prochain qui lui mettra 5/5.




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