La chanson de la semaine

mardi 10 août 2010

Because of the times


Il n'y a pas de sorties durant l'été. Mais de toute façon, 2010 n'est pas une année à disques. Quelque chose me dit pourtant que décembre débouchera sur des désaccords et qu'on trouvera malgré tout le moyen de s'étriper sur des tops ten. Il y aura juste un net recul qualitatif.
Vu la pauvreté de l'année - qui m'a tout de même offert, avec Teen Dream, l'un de mes albums préférés, toutes époques confondues - je préfère me replonger dans les disques supposés médiocres des années précédentes. Par exemple, j'ai ressorti ce qui aurait pu être le dernier bon disque de U2 s'il avait été l'œuvre de la bande à Bono. Ce disque, c'est Because Of The Times, des Kings of Leon.
C'était le début de la fin pour les Strokes du Sud. Mais Because Of The Times reste très fréquentable. Il représente un certain type de médiocrité agréable: l'album rock grand public d'un vrai bon groupe. Avant eux, les Red Hot Chili Peppers, en 1999, avait réussi un consensus très similaire avec Californication. Ce ne sont pas, loin s'en faut, les meilleurs disques d'une génération. Mais l'incursion du rock alternatif dans le domaine grand-public est mieux gérée avec des groupes professionnels qui ont déjà un passé qu'avec, mettons, Muse ou Coldplay qui sont arrivés d'un coup sur Mtv... Songeons aussi à R.e.m, dont on peut penser tout le mal qu'on veut pour leur devenir si mièvre, toujours est-il qu'en 1990, quand ils sont passés du statut de groupe underground à celui de vache à lait, ils avaient les armes pour négocier le virage avec dignité. Losing my religion, de tous les tubes pourris de Mtv, reste non seulement l'un des plus acceptables, mais c'est encore un bon morceau. Idem pour Scar Tissue, des RHCP, et pour On Call, des Kings of Leon.
Because Of The Times est globalement un album de bonne facture. Certains morceaux, comme Fans (leur meilleur) ou Arizona, ont les mêmes qualités qu'un New Year's Day. Ils peuvent plaire à tous, parce qu'ils sont mélodieux, un peu sentimentaux, mais toujours simples et légers; ils n'ont rien de radical. S'échappant d'une radio, ils sont passe-partout. Ecoutés avec attention, ils peuvent émouvoir, même si cette émotion ressemble à celle, un peu superficielle, d'une finale de coupe du monde quand on n'est pas fanatique de foot. Autrement dit, elle ne bouleverse pas, ce n'est pas un grand frisson d'enthousiasme et d'admiration réelle, qui s'éprouve de façon très personnelle et très intime, mais plutôt l'adhésion consentie à une joie populaire qu'on juge anecdotique.
C'est l'inconvénient de ces disques grand public qui sont plaisants sans être renversants. Ils ont l'avantage du professionnalisme, ils sont bien construits, efficaces et ils ne s'écoutent pas avec dégoût. Mais leur efficacité même implique un manque de personnalité: ils abusent des grosses ficelles jusqu'à perdre en force de caractère, en originalité. C'est une efficacité de service après-vente, de supermarché, de programme informatique... Autrement dit, ce dont ils souffrent, c'est d'une déperdition de l'âme. Mais il s'agit, parait-il, un gros mot. Je soupçonne toutefois les Kings Of Leon de lui reconnaître un certain sens.

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