
Ils ont l'humeur anglaise, l'esprit plein de brumes. Pour autant, ils le disent simplement, avec cette fonction d'éclaireur qui dissipe les ombres, qui illumine un sentiment d'une lumière crue.
Aujourd'hui, ce sentiment s'est accentué. Certains titres, par exemple, ont perdu la fraîcheur spontanée du premier album (c'est le cas du déprimant Searching For Heaven, avec ses synthés inquiétants). La pochette flippante de l'album, remake de l'Exorciste, est presque un choc visuel - à mille lieu de toute candeur. A première écoute, If He Likes It Let Him Do It n'évoque en rien le sentiment amoureux, encore moins la légèreté ailée du désir. Conclusion: les Drums ont l'air d'aller mal. In The Cold ressemblerait presque à the Cure, c'est dire. Mais une chose demeure inchangée: le fameux style "ligne claire" dont je parlais plus haut. Cette esthétique est tellement nette que l'auditeur y revient toujours, comme si les Drums avaient plus de réalité que d'autres. Leur disque est plus frontal, plus rond, plus "concret" que les albums sortis cette année. Il a comme qualité foncière d'exister plus que bien des disques.
Objectivement, je crois exagérer; le revers de la médaille sera toujours le manque d'ampleur. On ne peut pas faire dans le minimalisme, avec un synthé très gadget et un guitariste adepte du corde à corde, voire du surplace (genre, je joue les notes dans un sens puis je les balaye dans l'autre) et dans le même temps sortir un chef-d'œuvre de richesse harmonique. Techniquement, l'album est des plus mineurs. Mais il a un charme énorme.
Prenons un exemple: How It Ended. Par elle-même simplissime comme de la twee-pop, cette chanson est transcendée par quelques chœurs légers et nostalgiques. Money est quasiment génial pour les mêmes raisons: elles tiennent à des riens, des petits détails qui subliment une composition rudimentaire. Et ce n'est pas le rapprochement avec Morrissey qui me fera écrire autant de bien de cette chanson (leur meilleure, sans doute), car je crois sincèrement que l'élève égale le maître. L'ouverture de l'album, de toute façon, est somptueuse et surpasse largement les antécédents du groupe. Des cinq premières chansons, rien n'est à jeter. Book Of Revelation et ses paroles touchantes sur l'émancipation, Days, avec cette ligne superbement chantée: "I've could been your mother (...) your twin brother"... D'une voix claironnante, limpide comme l'esthétique du groupe.
Une bonne référence
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