La chanson de la semaine

dimanche 22 mars 2009

Between the Lines of Age


Between the Lines of Age est le titre d'une chanson de Neil Young, qui figure sur l'album HARVEST, paru en 1970. Le choix de ce morceau comme en-tête d'un blog est évidemment annonciateur des registres et des genres qui vont faire l'objet de courts articles dans cette revue - ce blog.

Quoique le net soit saturé de sites de qualités consacrés au rock et, de façon plus générale, à la musique à guitare, il m'a semblé qu'il restait une petite place pour des blogs à la fois subjectifs comme il se doit (c'est tout de même l'intérêt ludique de la chose) et en même temps pas trop égotistes.

Plusieurs directions m'ont successivement tenté:

-la discothèque personnelle, avec ce défaut qu'elle est évidemment trop personnelle et juste représentative de ce qu'on trouve dans mes range cds. Le site RYM est déjà affecté à cet usage de consommateur ou, au choix, de collectionneur. Le coté archiviste, au mieux, le dispute à l'étalage de ses achats.

-un site d'actualités dédié au genre que j'affectionne le plus: la musique folk-rock. Je n'ai malheureusement pas le temps de consacrer toutes mes recherches à la musique et je n'ai pas la maladie du défrichage. En outre, aimer un genre n'exclut aucunement de ne pas aimer la plupart de ses représentants.

-un site historique consacré au genre susmentionné, ce qui aurait pour avantage de sortir du lot, dans la mesure où les blogs musicaux sont des fourre-tout où le mot rock est pris dans une acception si générale qu'elle empêche une identité claire de se dessiner. Mais la perspective uniquement historique a ses limites, il y a notamment tout un courant psychédélique moderne qui en paierait les frais.

A défaut d'opter exclusivement pour une de ces trois solutions, ce blog sera un patchwork de tout cela mélangé. Il combinera un certain nombre de genres et de sous-genres. Il faut donc, sur ce point, expliquer mes choix.

L'esprit d'étiquetage du critique ne permet pas à la musique de vivre sainement. La musique que nous aimons n'est pas confiné à un genre particulier, mais relève d'une fusion souvent insouciante et spontanée. Les genres dits "purs", comme la country ou le rock'n'roll, eux-mêmes résultent d'un mélange de traditions diffuses et parfois oubliées. Leur qualificatif vient de leur statut actuel de référence, par rapport à quoi on catégorise les musiques nouvelles - on ne sait plus précisément dans quoi s'origine la country, mais ce genre reste le point d'ancrage qui permet de définir le country-rock. Le rock'n'roll lui aussi est devenu un genre de référence. On dit des Cramps, par exemple, qu'ils puisent dans le rockabilly, même si pour autant, tout en régressant vers les années 50, ils en restent éloignés par toute la musique punk et post-punk.

Généralement, les genres de références relèvent d'une expression sociale populaire et incarnent à un moment donné de l'histoire les aspirations et les peines d'une catégorie de la population. C'est pour cette raison qu'on parle parfois d'authenticité, par comparaison avec ceux qui récupèrent le genre pour sa musicalité, sa saveur, et le poursuivent sans avoir les mêmes revendications ni la même vie que ses premiers interprètes. C'est toute la différence entre le blues noir-américain et le blues-rock anglais. Ces réflexions sur l'authenticité sont bien un peu pénibles, puisqu'elles convergent vers une exclusivité de la musique et un confinement réactionnaire ("si tu es de telle nationalité, tu dois jouer tel genre"*), cependant on peut comprendre le point de vue agaçant du puriste: si la musique populaire est l'émanation d'un milieu social et d'un mode de vie, elle ne peut prendre de sens que réinsérée dans son milieu d'origine, sa terre d'élection.

Aucun, ou presque aucun, des groupes dont il va être question n'appartient à un de ces genres purs et authentiques. Tous, ou presque, sont issus du renouvellement de la pop music activé par les Beatles et cie. Tout au plus peut-on dire qu'ils témoignent d'une expression de la jeunesse - et encore, un certain nombre des artistes mentionnés volettent trop en marge des mouvements jeunes pour qu'on les y identifie. En vérité, ce blog s'adresse plus aux amateurs de musique à guitare qu'aux amateurs d'expression orale, encore moins à ceux que la révolte adolescente interpelle, dans la mesure où, loin de chercher dans la pop ou le folk des intentions morales, politiques ou sociétaires, ni même un phénomène d'identification communautaire, c'est la saveur de la musique, et uniquement la saveur de la musique, qui fait ici autorité - aussi bien je ne suis pas assez anglophone pour comprendre un texte de Dylan. Il ne faudra donc pas s'étonner si, tout en ayant peu de goût pour la country, par exemple, je fais souvent mention de groupes country-rock. On peut même préférer à une vraie chanson blues ou country un morceau d'americana un poil trop poli et convenu.

Voici quelques tags qui permettront de s'y retrouver. Encore une fois, l'étiquetage est une manie d'archiviste et de collectionneur, préoccupé de mettre de l'ordre dans ses propres goûts, mais d'un point de vue technique, c'est très pratique quand même:

Folk
Folk-rock
Country-rock
Americana
Alt-Country
Psychédélisme
Néo-psychédélisme
Prog-rock
Acid-rock

Quelques autres catégories pourraient suppléer aux lacunes que présentent celles-ci.
Mais dans l'ensemble, vous comprenez l'orientation musicale. Et pour commencer, afin de faire honneur au titre du blog, voici toute la maestria du loner:





*A titre d'exemple, aujourd'hui, en France, certains voient d'un mauvais œil qu'on ne s'inspire pas de Brassens ou de Ferré, alors que de toute évidence, un français, ressortissant d'une grande nation littéraire, ne peut faire que de la chanson à texte (selon eux, mais hélas, la plupart ne savent faire ni cela ni autre chose). Ou encore, une anecdote, piquée au magazine Eldorado: Tony Joe White, qui jouait du swamp rock, le rock des marécages, a dit un jour à John Fogerty, du Creedence: "Dis donc, mec, il n'y a pas d'alligators à San Francisco, alors laisse tomber ce truc de swamp". La liste est longue, on peut aussi bien s'atteler au folk anglais et à ses chants folkloriques repris par de jeunes bourgeois, qui aimaient sans doute cette musique, mais ne menait pas l'existence idoine.

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