La chanson de la semaine

vendredi 27 mars 2009

Comin Back to me


Réduits à "Somebody to love" et "White rabbit", le groupe fait quelque peu figure de relique, mais si on extrapole, on découvre trois petites merveilles de folk triste, jamais citées - ou si peu. Car, qui le croirait? Le Jefferson Airplane n'est pas tant ce groupe psyché archétypique que les magazines ont archivé une bonne fois pour toutes dans leur rubrique "classique" à cause de deux tubes fédérateurs et historiques, qu'un très bon collectif doté d'un potentiel folk immense. Today, Comin' back to me et Embryonic Journey sont les noms des trois merveilles qui valent à ce bon disque de se retrouver ici. Le second surtout est une chanson d'amour triste qui déroule son atmosphère lancinante en cinq minutes de contemplation lente, épurée, radicale. On a l'impression de s'enfoncer dans des gorges, le long d'un chemin sinueux et sombre. C'est unique, on ne trouve pas d'équivalents dans le panel pourtant large des chansons tristes. C'est à ce genre d'expérience que convient, je crois, le mot "profond" qui a l'air parfois bête quand il qualifie certaines musiques. A coté de ce morceau, le reste du disque, somebody to love compris, m'a toujours semblé anecdotique. Pas tout à fait cependant, car today est quasiment du même acabit et d'ailleurs elle travaille à peu près la même ambiance. Enfin, Embryonic Journey est entièrement acoustique et instrumentale, c'est-à-dire du genre qui ennuie les fans de pop mais qui fait les délices de ceux de Hot Tuna (groupe de blues-rock fondé par Jorma Kaukonen - signataire d'Embryonic Journey - et Jack Casady - également membre de l'Airplane). Avec cet instrumental, Kaukonen montre qu'il est surtout musicien et n'entend pas consacrer ses accords à la seule et répétitive pop music - dont le format emprisonne toujours quelque peu les vrais instrumentistes. Cette liberté est pour le meilleur: on ne ferait pas un compte rond des bons instrumentaux de la pop-music sans Embryonic Journey, dont la réputation d'ailleurs surpasse tout ce qu'on pourrait attendre de ce genre d'exercice.
Attention toutefois à la publicité mensongère: sur la pochette, les membres du groupe arborent des instruments traditionnels dont, jusqu'à preuve du contraire, ils ne se servent pas. Je n'ai pas l'impression en tout cas d'avoir entendu de la flûte ou du banjo, mais à dose homéopathique, il se peut que je n'ai rien perçu.
Jorma Kaukonen a sorti un disque tout récemment, mais je n'ai aucune idée de son contenu.

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