La chanson de la semaine

mercredi 1 février 2012

Got It All, Portugal.the Man

Le premier événement musical de la nouvelle année n'a pas été pour moi la sortie d'un album (ça, c'est le deuxième), mais un concert. Les Black Keys, malgré leur succès, nous ont fait l'honneur de rattraper leur date annulée à Lille en janvier 2011. A l'époque, ils avaient argué de leur fatigue (en vérité, ils en ont surtout profiter pour composer El Camino...). Difficile de leur en vouloir, surtout quand on voit l'énergie qu'ils dépensent quotidiennement sur scène. Mais ils sont revenus et, cette fois, malgré une renommée grandissante, n'ont pas rechigné à donner le meilleur d'eux-mêmes devant un public sans doute moins considérable que dans une capitale quelconque d'Europe.
En effet, le Zénith n'était pas archi-plein: l'arc de cercle qui entoure la fosse laissait une bonne marge pour s'ébattre et même se promener tranquillement. Cela n'a pas empêché Dan Auberach et surtout Patrick Carney (dont je suis devenu un admirateur) de se dépenser sans compter. Placé du coté de la batterie, j'ai essayé, à force de coups d'œil, de mieux regarder le guitariste (tout en regrettant de l'entendre moins que la caisse et les cymbales) avant de comprendre la chance que j'avais de pouvoir observer derrière les fûts un batteur aussi admirable que Pat Carney. Si certains ont appris la guitare après avoir écouté un concert de rock, nul doute que Pat Carney ne déclenche des vocations de batteur.



Si vous y étiez, sachez que vous pouvez écouter l'intégralité du concert sur Youtube grâce à quelques internautes qui, pour la bonne cause, ont passé le concert caméra en main (les pauvres...)

Mais ce n'est pas le sujet de l'article. Le concert des Black Keys a permis à l'assistance de découvrir un groupe méconnu, tout comme le pays dont il est originaire: l'Alaska. Je ne suis pas sûr que beaucoup y aient pris plaisir. Si les gens s'amassent pour les Black Keys, ils font la queue à la buvette lors de la première partie. Moi-même je regrette l'organisation des concerts: au lieu de mettre dans l'ambiance, la première partie épuise mon capital écoute et atténue l'effet de la tête d'affiche. Le choc d'un concert vient souvent, en premier lieu, du volume sonore écrasant. La première impression est celle du sol qui tremble. C'est pourquoi le groupe qui sert de hors-d'œuvre a toutes les chances de provoquer une libération d'adrénaline, tandis qu'au moment où les techniciens préparent la scène pour le second, vous êtes déjà rassasiés; l'accoutumance a émoussé vos sensations.

Le groupe qui a ouvert la soirée s'appelait Portugal. The Man. Un nom repoussoir comme l'indie-rock en a pris la fâcheuse habitude. Un nom qui veut dire quelque chose, bien sûr, mais dont le principe est fumeux (le motif invoqué pour le choix de ce nom improbable est qu'un groupe peut être perçu comme l'union de plusieurs hommes en vue d'en former un seul, de même que n'importe quel pays peut, à l'échelle mondiale, compter pour une voix). Ils trouvaient que ça sonnait bien; ils ont eu tort. Peut-être est-ce pour cette raison qu'au bout de huit ans de tournée et d'albums (ils en sont au 6ème), le groupe n'a toujours pas récolté le fruit de ses efforts. Personnellement, avec un nom pareil, je n'aurais jamais écouté.



Le morceau d'entame a distillé une ambiance stoner, pesante et dangereuse, comme Black Rebel Motorcycle Club. Petit à petit le groupe a évolué vers un son plus pop et une chanson mélodique s'est révélée entre toutes: Got It All. A coup sûr un single, me suis-je dit. Il avait un air de déjà-entendu, comme un truc des Beatles ou de T.Rex auquel j'aurais volontiers ajouté un chœur de gospel. La version studio me fait le même effet familier et immédiatement enchanteur. J'apprends que le groupe est fan de Bowie, de Pink Floyd et qu'il s'est adjoint les services d'un mixeur ayant orienté l'album vers un son pop-rock. Cela conforte mes impressions: à partir d'une culture psyché, Portugal.The Man a accepté le moule de la pop. Et le résultat est bon. On commencera donc l'année nouvelle avec un tube oublié de la précédente. N'est-ce pas souvent le cas?






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