La chanson de la semaine

samedi 11 février 2012

X-Rock... vous souvenez-vous?



Je viens de retrouver un véritable trésor dans mes archives, et pour une fois il ne s'agit pas d'un disque... mais d'un magazine!


Vous souvenez-vous de X-Rock? Au mois d'aout 2003, l'éditeur français Pierre Veillet lançait le premier numéro d'une aventure qui était vouée à une trop prompte disparition*. Non seulement le web commençait déjà sa marche involontaire contre le monde de l'édition, mais de plus le marché était largement occupé par Rock'n'Folk, les Inrocks et Magic! (le triumvirat contre lequel il serait vain de lutter dans un pays qui ne compte pas tant d'adeptes de rock indé). Ces dix dernières années, plusieurs publications ont ainsi fait les frais de l'engorgement de la presse française. La dernière en date, Rock First, apparaît dans un contexte qui est encore moins favorable au journalisme rock que ne l'était l'époque assez faste de X-Rock.

Quand le premier numéro de X-Rock est apparu, le monde de la musique était en plein boom rock, avec le succès balbutiant des groupes en "the". C'est précisément cette effervescence créatrice qui a motivé la création du journal. Tablant sur l'apparition d'une nouvelle cible, l'éditeur a sans doute cru que le phénomène revivaliste serait pérenne et qu'une frange généralement jeune de la population éprouverait un besoin d'information exclusivement orienté sur cette nouvelle musique.
On pourrait croire qu'il avait eu du flair, on ne saurait d'ailleurs en avoir plus. Si l'affaire n'a pas marché comme prévu, ce n'est en aucun cas la faute du journal qui était bel et bien excellent. Tandis que Magic! snobait la nouvelle musique, que Rock'n'Folk recyclait ses vieilles marottes et que les Inrocks restaient trop généralistes, X-Rock adoptait une ligne éditoriale 100% revival rock agrémentée d'un sampler rempli de nouveautés excitantes. Le premier numéro, que j'ai entre les mains, est ainsi une vraie perle du genre et mérite que je m'attarde sur son contenu.

La Une du mag'

A l'occasion de l'événement de la sortie d'Elephant, c'est Jack et Meg White qui posent en couverture, avec la mention "éléphantesque!"

On apprend, entre autres choses, que le magazine renferme un dossier sur la scène new-yorkaise de 2003 et un documentaire sur Queens Of The Stone Age alors qu'ils sont de passage à Paris. En quatrième de couverture, une énorme pub pour BRMC, l'autre favori du journal, ne laisse planer aucun doute sur les choix musicaux de X-Rock.

 Le cd

Pour ceux qui aiment, la tracklist est alléchante. Je passe sous silence les groupes tombés aux oubliettes et ne retiens pour vous que ceux qui sont passés à postérité. Jugez-en par vous-mêmes:

1 - The Raveonettes, The Great Love Sound
3 - Black Rebel Motorcycle Club - High/Low
5 - Interpol - Obstacle 1 (Black Session Live)
6 - The Warlocks - Stickman Blues
8 - Yeah Yeah Yeahs - Black Tongue
9 - The Libertines - The Delanay
21 - The Black Keys - Hard Row

Certes, sur 21 titres, cela en fait beaucoup de dispensables et peu sont finalement parvenus jusqu'à nous. Mais observez la tracklist des Rock'n'Folk des dernières années et dîtes-moi combien ont cette tenue, ce coté d'anthologie.
A l'époque, je me souviens avoir finalement assez peu apprécié, hormis la b-side des Libertines et le morceau d'Interpol. Des groupes évoqués, je n'en connaissais aucun et pas un seul ne m'a incité à pousser l'investigation plus loin. Je préférais écouter Neil Young, Death In Vegas, Beth Gibbons et m'essayer un peu au jazz. J'aimais aussi les White Stripes, mais je n'avais aucune idée de leur appartenance à un quelconque renouveau du rock; je les assimilais plutôt à Nirvana, comme le suggère d'ailleurs l'édito de X-Rock.

Les interviews et les brèves

Dans le même numéro, on peut recueillir les paroles d'un grand nombre d'acteurs de la musique, qui ignoraient encore qu'ils seraient bientôt incontournables. Ainsi, on apprend que les Raveonettes, dont le premier album devait bientôt paraître, étaient fans de Suicide; que les Kings Of Leon écoutaient les Pixies, Built To Spill et les Go-Betweens (!) avant de découvrir le groupe qui allait changer leur vie, les White Stripes; que Pat Carney, des Black Keys, se mettait en colère à la seule évocation de Cream ou du Grateful Dead; que les White Stripes, qui venaient tout juste de sortir Elephant et qui faisaient la une du mag (ce pourquoi je l'avais acheté) se considèraient comme un groupe de folk; que Black Rebel Motorcycle Club prévoyait de passer 7 à 10 ans à Londres par solidarité envers un des leurs qui, s'il quittait le sol américain, n'avait plus le droit d'y rentrer.
Puis les Yeah Yeah Yeahs enchaînaient avec leur rapport au succès, les espoirs vite fondés en eux, tandis qu'un tour d'horizon des groupes new-yorkais était l'occasion pour certains d'exprimer leur avis sur une éventuelle scène rock (Interpol, The Rapture, James Murphy, Liars).
Enfin, deux dernières interviews, non des moindres, viennent clore cette partie: les Libertines, en pleine implosion, et the Kills, qui expliquaient pourquoi ils avaient pris VV et Hotel pour surnom.


Les chroniques

Là aussi, c'est plutôt riche. A croire que les mois d'aout et septembre 2003 ont été particulièrement prolixes. Je pense plutôt, sans avoir pris le temps de vérifier les dates de sortie, que la rédaction a fait le choix de passer en revue les disques parus aux alentours de l'été 2003, en repêchant parfois des albums légèrement antérieurs.

Au choix:

Take Them On, On Your Own (Black Rebel Motorcycle Club) 9/10
Chain Gang Of Love (The Raveonettes) 9/10
Magic And Medicine (The Coral) 8/10 (selon moi sous-noté, si on considère toutefois que les autres albums chroniqués n'ont pas été, eux, surcotés)
Lovers (The Sleepy Jacksons) 9/10
Movement (Gossip) 7/10

Welcome To The Monkey House (The Dandy Warhols) 7/10
Youth And Young Manhood (Kings Of Leon) 8/10
Phoenix (The Warlocks) 8/10

Bien entendu, j'en ai laissé certains de coté, parce qu'ils n'appartenaient pas vraiment à la même génération (Super Furry Animals, The National...) ou parce qu'ils sont moins importants (Hot Hot Heat, British Sea Power...)


Conclusion: le premier numéro de X-Rock devrait faire office de collector. Il semblerait que le magazine ne soit pas allé au-delà du 8ème numéro, après une première interruption à cause des pertes d'argent. Les suivants possèdent des unes au diapason de ce premier sommaire: The Strokes, BRMC, Kings Of Leon... De tous les magazines que j'ai achetés inutilement pendant la décennie, si je ne devais en garder qu'un, ce serait bien sûr celui-là. Et vous, vous en souvenez-vous? L'avez-vous acheté, lu ou bien simplement feuilleté? Et qu'en pensez-vous?

*Pour un descriptif précis, vous pouvez vous reporter au lien suivant.

3 commentaires:

  1. que du beau linge !
    PS : dans ta liste de magazines tu as oublié BEST. Amitiés cafardesques et rock n rollesques

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    1. C'est que je suis trop jeune. Mais j'ai déjà entendu parler (en bien) de ce magasine. J'ai l'impression que beaucoup ne se sont jamais vraiment remis de sa disparition.

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