La chanson de la semaine

dimanche 29 mars 2009

Poilant?


Je me demande comment une comédie, même subtile, peut inspirer une musique si délicate. Pour le surplus, Knocked Up a une réputation de film vulgaire, truffée de grossièretés. A l'évidence, Loudon Wainwright se sera trompé de film, ou aura souhaité balancer l'idiolecte particulier des personnages, composé pour l'essentiel de "fuck", par l'élégance et la sophistication des arrangements. En tout cas, nul n'est besoin de regarder le film pour écouter le disque - moi-même peu cinéphile, je n'y ai pas jeté un oeil.
Jamais b.o ne s'est autant suffi à elle-même. Le résultat est même assez époustouflant.
Les noms de Wainwright passaient souvent devant mes yeux, mais j'étais un peu gêné pour démêler les éventuels liens de filiation. J'imaginais une lignée américaine antédiluvienne dans le style de la Carter Family, alors que Rufus Wainwright, le fils, me semblait incontestablement anglais - malentendu cautionné par les photos du livret de son dernier album RELEASE THE STARS (où il apparaît en kilt) et par ce second degré so british (qu'il manifeste par une excentricité insupportable). Sans compter un timbre de voix parfois proche de celui de Thom Yorke (sur Going to a town). Heureusement, le père n'est pas un Tim Burton de la musique pop, il ne fait pas dans le style "Charlie et la chocolaterie". Dans l'ombre du fils, comme chez les Buckley, ou en France les Chédid, Loudon Wainwright n'a plus aujourd'hui la publicité qu'il mérite largement. La sortie d'un nouveau disque, RECOVERY, où il revisite ses classiques, ne devrait pas lui valoir plus de succès que la b.o d'un film connu ne lui en a apporté. Ce n'est pas grave, quand on écoute une chanson aussi grandiose que Final frontier on se dit qu'il n'est pas près d'être oublié. Les arrangements riches et luxuriants ont dû donner des idées à Rufus, s'il a grandi en écoutant ses disques, mais c'est aussi la voix, restée très jeune, qui fait de ses chansons des sommets d'interprétation (écouter Daughter en priorité). On peut parfois penser à Van Morrison, notamment pour certains morceaux qui semblent tenir du folklore irlandais, mais Loudon Wainwright est moins excessif, plus juste.
Voilà un album où tout est réussi, c'est le genre de disque mûr, adulte (dans le sens où il est devenu lui-même), maitrisé, à mi-chemin entre le folk traditionnel et des chansons de variété réellement consistantes qu'on peut passer à n'importe quel moment tout en étant impressionné et touché par un petit quelque chose - dans la voix, dans l'instrumentation, etc. Rdv bientôt pour RECOVERY, qui a l'air mieux encore.

3 commentaires:

  1. Loudon Wainwright, j'en avais parlé ici...
    http://sampierre.blogspot.com/2009/01/loudon-wainwright-iii-recovery.html

    et puis on l'évoque aussi là...
    http://blueumbrella.hautetfort.com/archive/2007/08/22/le-disque-du-jour-strange-weirdos.html

    et il y a sa fille la moins connue:
    http://blueumbrella.hautetfort.com/archive/2007/08/22/le-disque-du-jour-strange-weirdos.html

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  2. J'ai lu! C'est par Recovery que je l'ai découvert d'ailleurs - jeune génération oblige. Effectivement son fils connaît une notoriété croissante, qui lui fait un peu d'ombre. Mais par la suite, les fans de ce dernier en viendront à écouter Loudon Wainwright, de même que beaucoup ont découvert Tim Buckley par l'intermédiaire des articles de presse concernant Jeff. Je me demande si Knocked Up a reçu un bon accueil au ciné. Les BO sont souvent l'occasion de redécouvrir des bonnes choses.

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  3. Jeff Buckley, j'aime beaucoup... Mais quand, comme moi, on connaît et aime Tim depuis longtemmps, on a du mal à comprendre l'adulation dont fait l'objet le fils qui, quoi qu'il en ait dit, a beaucoup piqué au père (inconsciemment?).

    http://blueumbrella.hautetfort.com/archive/2008/12/18/un-disque-un-jour-tim-buckley-dream-letter-live-in-london.html

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