La chanson de la semaine

mercredi 14 avril 2010

La 2ème chanson de la semaine: When You Leave My Arms


Puisque la première (the House on Highland Ave.) n'était pas disponible sur Grooveshark, il était logique d'en sélectionner une autre. Oh, elle pouvait se suffire à elle-même, car the Dutchess and the Duke, sur le plan émotionnel, c'est tout simplement de la même trempe que le Gun Club. A Seattle, on a trois groupes folk intéressants, et Fleet Foxes ne compte même pas parmi eux. Loin du folk assagi et sophistiqué qui déçoit tant les amoureux de l'expression directe, the Dutchess and the Duke est plus qu'un antidote, c'est l'incarnation intemporelle du folk, à base de guitare acoustique et d'un duo de voix (un homme, une femme, qui dit mieux?), sans surplus, sans fausse austérité non plus puisque les chansons les plus progressives, les plus compliquées, sont dans 80% des cas issues d'une grille d'accord à l'acoustique, ce qui revient donc au même. The Dutchess and the Duke, c'est la musique qui a la peau sur les os, mais au moins elle a un squelette, ce qui manque à tant de groupes invertébrés!

L'album Sunset/Sunrise est un immense coup de coeur, qui date de l'an passé mais sur lequel il faut revenir parce que, primo, on n'en a pas dit assez de bien et deuxio, il sort enfin en Europe. Sunset/Sunrise, ce sont des ritournelles rudimentaires tressées comme de l'osier, mais elles ont la couleur du couchant, l'épaisseur du bois et la saveur propre à l'Amérique du Nord, à l'espace sans bornes où s'est rêvé la liberté, illusoire ou pas, qu'importe, cette liberté un peu triste parce qu'elle coupe tous les ponts derrière elle. Aussi l'album respire la solitude, comme malgré lui. Ce n'est pas que le duo se complaise dans cette image, au contraire on l'imagine plutôt versé dans le punk-rock, un peu trash, un peu foufou, bordélique et mal élevé. Mais de façon inexplicable, un groupe garage s'est mué en duo folk doux amer qui fait lever les yeux au ciel.

Il y aurait beaucoup à dire encore, mais je ne peux pas. Les groupes médiocres sont plus aisés à décrire: on les connait dès l'abord. On sait comment les étiqueter, leur démarche ne nous est pas inconnue, on la reconnait en filigrane à travers toutes leurs maladresses parce qu'on identifie nos propres travers dans les leurs, alors que les grands groupes en devenir sont surprenants (même dans la simplicité) et difficiles à cerner. The Dutchess and the Duke sont presque simplistes, y compris dans leurs intentions: quoi de plus élémentaire qu'une chansonnette pour feu de camp? Mais ce qu'on ne parvient pas à saisir, c'est la raison pour laquelle cela nous affecte tant, pourquoi ils surclassent la concurrence. Il n'y a sans doute rien à comprendre: certains sont juste plus doués que d'autres.

Sunset/Sunrise
Hardly Art, 2009

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