La chanson de la semaine

jeudi 1 avril 2010

Wagonwheel Blues, la chronique


Vous en avez déjà entendu parler ici même. Comme je recycle mes vieilles marottes, hop, j'enfonce le clou. The War On Drugs donc. Qui sont-ils? Qu'ont-ils fait? Wagonwheel Blues, l'album d'Adam Granduciel, avec Kurt Vile en seconde moitié du groupe, qui n'en était alors pas vraiment un mais plutôt une sorte de projet solo où Granduciel jouait lui-même un peu de batterie, épaulé par des musiciens d'appoint qui ont fini par faire partie intégrante d'une véritable formation, est un premier LP inégal - soyons honnête - mais néanmoins merveilleux, pour toutes les raisons imaginables, pour tout ce qu'il contient et peut-être même ses légers égarements soniques. Car on ne conçoit pas The War On Drugs sans déviances, débarrassé de son style brimbalant et tarabiscoté (qu'on entend à l'identique dans les albums solos de Kurt Vile). Après tout, on n'aime pas Brian Eno pour accoucher d'un album pop classique. Alors voilà, Wagonwheel Blues s'aventure partout et ne lésine ni sur les mélodies ni sur les sons atmosphériques. Ce n'est pourtant pas de Spiritualized que les membres de War On Drugs se revendiquent, mais de... Tom Petty! N'importe, ils n'en sont que plus intéressants, pour leur largesse de vue et l'imprévisibilité à laquelle elle peut conduire.
Adam Granduciel n'a pas un nom de star, mais on a envie de le prononcer. C'est tellement sidérant, tellement étrange de dire "j'écoute Adam Granduciel" qu'on croit le voir grandir sous nos yeux. Ce type qu'on imagine un géant ne peut pas être banal. Ou plutôt, il peut l'être, mais alors sa banalité sera cause de curiosité, elle passera pour un phénomène hors du commun et, vue sous cet angle, ne sera plus banale. Le plus surprenant, c'est qu'en dehors des pièces maîtresses que sont A Needle In Your Eye #16, Arms Like Boulders et Taking the Farm, dont j'avais déjà vanté les mérites psychédéliques, le reste de l'album tient bien la route. Par comparaison, il aurait pu pâlir sévèrement, mais non. Moins fulgurants, mais toujours pertinents, les autres titres font voyager l'auditeur dans un monde à peine défriché, plus sauvage, plus héroïque qu'Animal Collective (avec qui ils partagent certaines textures sonores) et surtout plus captivant. Même impression qu'avec Kurt Vile: on est embarqué dans un train à vapeur et on sillonne les USA. Si certains, légitimement, trouveront le périple un peu longuet, qu'ils se concentrent alors sur les trois morceaux de bravoure de l'album et attendent la suite: avec de telles pépites dans le ballot, ce serait étonnant que the War On Drugs saborde son avenir. 2008, année de sortie de Wagonwheel Blues. ça n'a l'air de rien, mais pour moi c'est une date qui compte.

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