La chanson de la semaine

jeudi 16 avril 2009

Mon nanar bien-aimé


Depuis quelques mois, on fait des gorges chaudes autour de l'album des Fleet Foxes, sympathique au demeurant, mais pas parfait. En ceci, il faut incriminer le genre. La perfection dans ce domaine tient de toute façon du pré-fabriqué. C'est davantage un excellent produit qu'une interprétation musicale. Mais il y a un public pour ça. Je ne peux m'empêcher, à l'évocation des noms de Fleet Foxes ou de My Morning Jacket, musicalement consanguin, de penser à cette vague entité qu'on nomme classe moyenne - mentionner Jackson Browne ou Neal Casal me fait le même effet. C'est la musique moyenne des classes moyennes. Quelque chose au fond de moi sympathise - assez chaleureusement même - quand la tête, plus froide, toise ces noms de haut. Cela entraîne, en conséquence, une attitude de condescendance bienveillante et mi-sévère, mi-intéressée - ou simplement attendrie. En un mot: j'aime. Pas tellement Fleet Foxes, qui me donne des émotions déjà éprouvées ailleurs, et donc inutiles. Mais l'album Z de My Morning Jacket, c'est incontestable, celui-là je l'adore. Rien que la pochette suffisait au coup de cœur. C'est exactement le genre de mauvais goût qui permet de porter le mauvais goût bien haut sans fausse honte. Le disque est pareil. Assez lisse, à cause de (en l'occurrence, grâce à) la production léchée et limite rock fm, passagèrement ridicule quand Jim James pousse un cri à la fin de Dondante (pourtant meilleur morceau de l'album), ce Z est en quelque sorte le grand disque prog de l'americana. Un disque peut-être un peu mou du point de vue vitaliste du rocker, dans la mesure où il entre dans le tempérament de ses concepteurs et de ses auditeurs d'être mou et de rêver mollesse, dans la mesure également où ce n'est absolument pas du rock, mais un genre de pop hybride qui n'a d'autre vocation que le plaisir de créer un monde à coté du monde, plus sympathique, plus intimement familier avec l'auditeur, un disque peut-être un peu trop consensuel aussi, mais assurément un carton dans son genre. Quelques lourdeurs sont vraiment de trop, mais cette première chanson, "Wordless Chorus", n'est-ce pas un tube pop fm comme les bandes n'en passent jamais? Et le solo de Dondante, son atmosphère d'opérette planante et triste, sa grandiloquence lyrique, n'est-ce pas, aussi, un grand moment? Pour ma part, je prends le disque entier, avec sa pochette, son univers, cohérent mais varié, et je le place parmi ma pile de favoris (pas tout en haut quand même, hein), dans une catégorie il est vrai assez particulière, peut-être sans équivalent, une catégorie cachée, amicale, légèrement honteuse, carrément infantile.

Z
My Morning Jacket
Ato, 2005

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