La chanson de la semaine

mardi 14 avril 2009

Des chansons en or (2) - Visions of Johanna


Ce ne serait franchement pas sérieux, ni crédible, de parler d'une chanson de Dylan sans prendre en considération les paroles. C'est Dylan tout de même, pas les Beach Boys. Je renvoie donc les curieux - ou ceux qui, au terme de plusieurs écoutes, n'ont jamais su isoler les mots - à cette page: Visions of Johanna, Lyrics. Ils m'expliqueront certaines choses. Et il y a à dire je crois. D'après Wiki, on aurait plusieurs interprétations possibles au seul nom de Johanna. De Ge-Hinnom, mot hébreu désignant l'enfer, à Joan Baez en passant par Dieu, on a l'embarras du choix. Et je ne parle pas de l'hypothèse selon laquelle la chanson préférée de Dylan pour BLONDE ON BLONDE serait consacrée à la drogue ("Louise holds a handful of rain" serait le message cryptée pour "a handful of heroin"). On ne va pas se faire mal à la tête. Dylan poète? Il paraît. Je n'ai pas vérifié. Sa personnalité elle-même ne me touche en aucune façon. J'ai vu et revu "I'm not there" - que j'ai aimé, pour les images et la B.O - mais je n'ai trouvé à Dylan, l'homme, rien qui m'attire ou me repousse franchement. L'image d'artiste junkie et élégant incarnée par Kate Blanchet m'a même paru un peu convenue - le fait qu'un artiste soit humainement hors-norme a-t-il un intérêt autre que faire rêver les filles? Quand on se penche trop sur la vie de l'artiste, sur son caractère ou son comportement social, on sert le dandysme, la praxis aristocratique, le culte de soi. Qu'on interroge l'homme pour comprendre l'œuvre, c'est normal, mais la plupart des biopics n'ont pas cette fonction prospective, ils se contentent de mettre en scène un fantasme, de faire dans l'apologie, voire l'hagiographie - où, curieuse époque, les défauts ou les faiblesses ont valeur de vertus et sont admirés comme telles (même si Dylan, de ce point de vue, a été approché d'une façon moins intimiste, c'est-à-dire qu'il demeure énigmatique, échappant aux défauts comme aux qualités). Mais, peut-être ce manque d'admiration vient-il d'un défaut de compréhension? Après tout, de combien de chansons ai-je éclairci le sens, à part l'inusable "Knockin' on Heaven's door", quand même assez simple? Il est plus que probable qu'une immersion dans l'univers mental et littéraire de Dylan s'impose. En attendant, j'hésitais entre plusieurs chansons. Il y avait, en premier lieu, "I want you", qui est sans doute son chef d'œuvre indépassable. Chanson légère et enlevée, mais également remuante, sentimentale, libre - on a l'impression, en l'écoutant, qu'on peut prendre, le cœur léger, n'importe quelle décision. Il y avait "Knockin' on Heaven's door", évidemment, qui sur une échelle émotive, est de force maximale. On aurait mauvaise grâce à ne pas citer le duo avec Johnny Cash "Girl from the north country". Ne pas oublier non plus "Hurricane" ou "Ballad of a thin man"... Bref, si on ne compte pas les chansons de Dylan habilement reprises par d'autres (moins bons compositeurs mais parfois meilleurs interprètes), comme "Baby blue" (13th Floor Elevators) ou "My back pages" (Byrds), on a déjà une palanquée de morceaux magnifiques. J'ai pourtant choisi "Visions of Johanna". On voudra sans doute savoir pourquoi, et il n'y a pas de raisons ouvertement explicables. Peut-être l'harmonica, ou le rythme, qui associe la batterie et des accords cinglants de guitare électrique. La voix, également, a (comme sur l'ensemble du disque) un charme traînant et désinvolte qui fait parfois défaut à d'autres albums. Pas de raisons majeures, si ce n'est que, vraiment, c'est une chanson idéale pour son ambiance, et qu'elle est notamment magnifiée par le film de Todd Haynes.

Visions of Johanna, Bob Dylan
BLONDE ON BLONDE, 1966
Columbia

1 commentaire:

  1. Ah ben les chansons de Dylan... de "All Along The Watchtower" à "Forgetful Heart" en passant par "Desolation Row" ou je sais pas moi, "Forever Young" ou "Sick Of Love" et "Thunder on the mountain" sans oublier " Like A Rolling Stone" ou "I and I"... Enfin il y en a un peu pour tous les goûts et toutes les époques. Étrange d'ailleurs qu'un rapper ne reprenne pas Tombstone Blues. Quoi que Public Enemy a construit une chanson avec quelques morceaux de titres de chansons de Dylan... Mais c'est vrais qu'écouter Dylan sans se pencher sur les paroles c'est un peu dommage, quoi que maintenant la plupart des gens comprennent des bribes de phrases et bingo ! se font leur chanson. C'est d'ailleurs souvent ce que je me fait avec Dylan, ma chanson... Tout un univers sans trop pousser les analyses "mythique" qui capilotracte pas mal. Tiens c'est une oidée ça, raconter un peu ce que l'on voit/imagine/comprend dans une chanson de Dylan...

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