La chanson de la semaine

vendredi 10 avril 2009

Southside of Heaven


"The new sex symbol", peut-on lire sur youtube. Plutôt inquiétant. Dans les commentaires, on trouve même des "Gay!" à foison, même si, bien sûr, les commentateurs sont rabroués par les suivants. Pour être franc, cela nous aurait arrangé qu'il fût laid comme Quasimodo. Mais ce n'est pas le cas. Il faudra donc se coltiner - si on l'écoute - cette image de minet pour les filles entichées de songwritters plaintifs. Ce n'est pourtant pas vraiment le cas de Ryan Bingham qui, s'il donne l'air de ressasser les clichés de l'Amérique du Sud, les connaît en tout cas très intimement, pour les avoir, paraît-il, vécus. La route, la solitude, etc. Ni Cowboy gay, ni franchement plaintif, Ryan Bingham n'est pas conforme à l'image qu'on fait de lui. "Don't let them turn him into a sex symbol, sure he's goodlooking, but he's also a genuine talent and that shouldn't be turned into mainstream crap." dit un commentateur. Il a raison. A part ça, on trouve parfois des propos intéressants sur youtube. Un type explique que depuis des années il fuit ce genre de musique déprimante, parce qu'il a perdu sa jeunesse à végéter. En voilà un qui n'a pas écouté Joy Division. Parce qu'en toute connaissance de cause, après avoir passé des années à écouter des trucs vraiment déprimants, la musique country de Bingham est plutôt un beau rayon de soleil... Alors, bien sûr, il y a ce fameux tour de magie américain, ce sens de l'espace et de la lumière, qui provoque chez ceux qui y sont sensibles une impression de nostalgie intense. On sait tous cela, je veux dire nous qui aimons Dylan, les Byrds, etc. Pourtant, on ne peut pas appeler ce sentiment tristesse. Il penche, par instant, de ce coté-ci de la frontière, mais le plus souvent, on reste dans les régions chaudes du cœur. Et c'est ce balancement qui émeut le plus souvent - le plus surement. Peut-être Ryan Bingham en abuse-t-il en conséquence un peu trop sur certaines chansons anecdotiques et mollement romantiques. Mais la chose est rare. Les trois quarts du disque sont plus que brillants, c'est une essence rare et précieuse d'americana. Le premier titre, "Southside of Heaven" en est sans doute, d'emblée, le point culminant. D'autres chansons sont plus roots, plus sudistes, plus arrangées, avec de la slide guitare, de la mandoline, du banjo, mais finalement c'est l'harmonica de "Southside of Heaven" qui revient toujours à la mémoire.
MESCALITO est un disque qui présente dès la première écoute ses atouts: la voix de Ryan Bingham, érodée et chaude, et, surtout - c'est du moins mon point de vue de guitariste - une musique riche et bien jouée, qui étale directement sa profusion, une musique juste, sans doute très typée - et stéréotypée - mais qui prouve qu'on peut encore, avec les mêmes accords, créer de nouvelles chansons.

MESCALITO
Ryan Bingham
Lost Highway, 2007

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