La chanson de la semaine

dimanche 13 décembre 2009

Des chansons en or (6)


On peut avoir plein de bonnes raisons de ne pas aimer celui que la tendresse populaire désigne sous le nom de Boss - un sobriquet que je trouve plus amical encore que révérencieux. En plus, c'est assez fréquent chez les internautes, pour qui sa musique évoque le doux métier de camionneur et les stations fm. Le Boss, c'est une certaine Amérique, une vision de la démocratie, parfois clinquante et un poil populiste dans son apparence, mais finalement assez sympathique. Il est un peu le Victor Hugo du rock. Un poids lourd qui écrase les scrupules des esthètes, un Pantagruel de la compassion qui charrie avec lui, dans son envergure formidable, beaucoup de mauvais goût, mais aussi quelqu'un qui, au détour d'un refrain, peut vous toucher droit au cœur.
Las des grosses guitares, il a enregistré Nebraska comme s'il avait pratiqué l'ascèse. C'est tout le problème des gros coffres : quand ces forces de la nature sont passées par un extrême, elles en viennent brutalement à l'autre. Pour l'auditeur, c'est comme faire une cure sans avoir été malade. Verdict: un peu trop frugal pour ne pas être légèrement ennuyeux. Mais si je ne suis pas fan de Nebraska, c'est aussi, pour ceux qui ont pris l'habitude de me lire, que je n'ai pas traduit toutes les paroles. C'est vrai, j'ai eu la flemme. Or Nebraska est la fresque de l'Amérique des perdants (mention "anglais obligatoire") et s'écoute comme une histoire, celle de l'envers du décors, celle qui défait les clichés de l'american dream.
Pour Atlantic City, j'ai fait exception, parce que dès le départ la musique m'a enthousiasmé. Elle est un peu plus up-tempo que le reste de l'album et aussi un peu moins dylanienne. Je dirais même que sur cet album folk, Atlantic City est presque un morceau pop, dont le refrain s'incruste facilement dans l'esprit: "everything dies, baby, that's a fact". C'est le morceau idéal pour découvrir Bruce Springsteen, bien plus que Born in the USA ou Streets of Philadelphia.

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