La chanson de la semaine
lundi 14 décembre 2009
120 Days
A l'heure des bilans de fin de décennie qui vont être bourrés de groupes de rock, mais aussi, sur d'autres blogs, de groupes de hip-hop, il n'est pas inutile de revenir sur un accident de parcours. Il y a des ovni bizarres, qui deviennent cultes à force de renverser le jugement commun - le truc préféré des amateurs de la contradiction gratuite - mais aussi des ovni banaux, un peu comme ces photos de sphères lumineuses qui n'étonnent même plus parce que le trucage est grossier. 120 Days est de cette espèce, c'est un disque d'allure commune, non parce que les morceaux ressemblent à du déjà-vu (ce qui est tout de même le cas) mais parce que la production vaguement électronique de l'album est assez clinquante, comme du Kraftwerk grand public. Ils nous viennent de Norvège et sonnent froid comme le pays doit l'être en ce moment même.
Quant aux compos, elles sont assez ambigues... Endoctriné par le retour du rock et l'idéologie punk régnant chez l'intelligentsia du rock (c'est-à-dire le contraire de l'intelligence réel, des jugements lapidaires, un culte naïf de l'authenticité, un vitalisme basique et un positionnement par principe contre la musique de masse), j'ai descendu l'album après l'avoir initialement aimé, il y a de cela plusieurs années. C'est l'une des rares fois où je suis obligé de concéder l'influence contre-productive et aliénante de l'opinion publique sur la mienne. La production est parfois si clinquante que j'ai pris honte. C'est un peu la faute aux musiciens aussi. Ils ont, dans le fond, de vraies bonnes chansons, mais se sont donnés une image de minet ridicule, qui ne colle pas du tout avec la voix du chanteur, capable d'une belle raucité sur Get Away et souvent proche de The Cure. Leur crédo, c'est plus ou moins de faire sonner Spacemen 3 comme U2, avec des éléments de Kraftwerk. C'est vraiment bon, à deux reprises ça atteint même des sommets: Get away donc, que je vous propose d'écouter - parce que vraiment c'est une de ces pépites inconnues dont les bloggeurs raffolent tant - et Come out, come down, fade out, be gone. Le dernier morceau, long de huit minutes, a un final très prenant aussi (I've lost my vision).
Il y a un fossé entre l'image et la musique. C'est un fait rare. Ce disque est passé par la lessiveuse, les musiciens sentent le savon, mais malgré tout c'est un disque de rock. Quant à l'emballage du produit, personnellement il ne me gêne plus - si tant qu'il m'ait un jour gêné autrement que par préjugés.
S/t
120 DAYS
Smalltown Supersound, 2007
http://beemp3.com/download.php?file=448720&song=Get+Away
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