La chanson de la semaine

samedi 13 février 2010

The Leisure Society


L'Angleterre jalouse-t-elle Fleet Foxes? Est-ce bien raisonnable? Le folk parquet ciré avait déjà deux représentants, outre Atlantique, Fleet Foxes et Midlake. Voici un troisième groupe du même gabarit, mais qui nous vient d'Angleterre. Peu d'influences britanniques chez eux, on les trouve plus proches d'un Neil Young assagi (only love can break yout heart a manifestement inspiré the last of the melting snow) que de Fairport Convention ou Bert Jansch. Malgré leur aspect trop poli, the Leisure Society livre tout de même un album plaisant et - parfois - parcouru d'instants de magie.

Ne vous fiez pas à leur allure imberbe; ils ne sont pas tous débutants. Le chanteur Nick Hemming est sur le circuit indé depuis 1993 - qui le savait? Il est possible que The Sleeper, œuvre mineure mais rassurante, lance enfin sa carrière. L'expérience - car on sent le travail à l'œuvre - lui a permis de sortir un album folk très finement ouvragé, ourlé d'arrangement aussi sophistiqués que chez les Moody Blues; dans la mesure où il ne semble pas avoir un tempérament à danser sur les tables, j'ose dire que c'était le mieux qu'il pût faire.

Cheminant sur des sentiers discrets et fleurissants, The Leisure Society a réalisé ce genre d'album très accompli, où chacun a visiblement donné le meilleur et s'est mis en quatre pour cueillir les plus belles pousses. Le bouquet est odorant, mais plus souvent décoratif que vraiment enivrant. Que cela n'empêche pas le lecteur d'écouter A fighting chance, la très bonne introduction de l'album, ainsi que l'étonnant We were wasted qui ressuscite Tim Buckley. Ce n'est pas que the Sleeper se complaise dans le passéisme - critique bête d'ailleurs, puisque le folk connaît par définition peu de marges d'évolution - mais le sentiment que l'anecdotique laisse momentanément place à quelque chose de plus profondément touchant, de mûr, de précieux est pour le moins troublant. Considérant la bonne tenue de l'album, qui ressort agrémenté d'un disque bonus (avec l'instrumental the wayfarer, peut-être la plus belle chose du groupe), et ces quelques moments supérieurs qui l'émaillent, je pense devoir le conseiller en priorité à ceux qui croient que le dernier Midlake est un bon disque. Les autres feront selon leur sensibilité. Il semble peu probable qu'on écoute tous les jours Leisure Society - mais d'un autre coté, il semble peu probable aussi qu'on n'en ait jamais besoin. Qui n'a rêvé de se trouver allongé dans l'herbe à loisir et de goûter à la dolce vita?

PS: Et puis de toute façon, j'aime le banjo!

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