La chanson de la semaine
vendredi 1 octobre 2010
Harlem
En mars sortait un des albums que j'attendais le plus cette année. Qui plus est, il sortait sur le label Matador, auquel, contrairement aux évidences, je ne dois pas mon pseudonyme. Le hasard a en effet voulu que ma personne y soit associée dans l'esprit de mes quelques lecteurs. Or, c'est une bonne chose car ce label recèle de véritables trésors. Je ne vous ramène pas à l'ère de Pavement (que je n'aime pas beaucoup), ni même à Yo La Tengo, mais, pour ne prendre que les plus récents, songez à Jay Reatard, aux Ponys ou à Kurt Vile, dont je n'ai pas chroniqué le dernier (et hélas mauvais) ep. Belle brochette de talents, à laquelle vient de s'ajouter un nouveau nom.
Nul doute que Harlem ne se prépare à un avenir doré, aux cotés des Black Lips, des Soft Pack et des Strange Boys. La quadrature est ainsi parfaite. Au centre du carré, on placera les Mantles, ces modestes génies du garage-rock mélodieux. Avec cela, il est possible d'être heureux.
Harlem, pourtant, a commencé par me décevoir, tout comme ces Stranges Boys braillards et dégingandés, qui geignaient leur country dans la fumée d'un mauvais saloon. Mais, tout comme on n'enlève pas Be Brave à ceux qui l'ont créées, on ne retire pas non plus à Harlem le privilège d'avoir écrit Gay Human Bones ou Faces. L'album, pour un disque garage, est un peu long, ou disons qu'il y a trop de chansons, mais pourquoi s'en plaindre? A l'heure où l'i-pod a remplacé le cd, qui se soucie encore d'une juste répartition des morceaux, de leur quantité, de leur ressemblance? Aussi bien, il est possible, selon le jour ou l'humeur, de piocher par-ci par-là l'une ou l'autre de ces vignettes brillantes. Tout y est bon. Ce n'est bien sûr pas très innovant, d'autant que la promotion du disque, au moment de sa sortie, se donnait un petit air de "rébellion officielle", affichée en attrape-nigaud dans les pages publicitaires des journaux. La jeunesse désinvolte et désobéissante, dans la lignée de Pete Doherty, n'étant qu'une image de plus dans un monde d'images et de modèles, où l'objectif ultime est d'avoir la classe, il ne reste plus qu'à fermer les yeux sur ces vaines fanfaronnades. La naïveté idéologique, parfois, irrite. Mais Harlem n'en est pas responsable. Le groupe se contente de jouer avec un plaisir communicatif des chansonnettes simples et bien troussées. Je me contente, de mon coté, d'y prendre le mien sans trop chercher à en savoir plus sur ces larrons-là.
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