La chanson de la semaine

dimanche 24 octobre 2010

Smith Westerns/Girls



Une petite vidéo circule sur le net, signée Ryan McGinley et présentée par le site Nowness. J'ignore tout à fait la raison d'être de ce petit film, qui a tout l'air d'un extrait de documentaire mais qui, en fait, se suffit à lui-même. Qu'est-ce que Nowness? Qui est Ryan McGinley? Pourquoi cet intérêt tout esthétique porté à deux groupes indés dont la notoriété croissante n'a pas dépassé le circuit indépendant? A en juger par la stylisation à outrance - mais exquise - Ryan McGinley cherche la fascination, il exploite le coté underground élégant et très efféminé des deux groupes, comme pour subjuguer monsieur-tout-le-monde, le décontenancer par un foisonnement éclatant de détails inédits (les vêtements de Christopher Owen, période art nouveau, la chaussure qui frotte l'arrière du genou - geste commun aux deux groupes) . Il se dégage de cette vidéo une homogénéité propre à faire croire en l'existence d'une sensibilité nouvelle, raffinée et clandestine, pour ne pas dire d'un mouvement. Mais le plus important n'est peut-être pas ce maniérisme très étudié: les Smith Westerns dévoilent, via cette vidéo, une nouvelle chanson, absolument subjuguante. Alors que leur premier disque crachotait un son d'avant-guerre, broyait sans scrupules les mélodies dans un hachoir, le groupe a entamé une mue impressionnante - on ne peut pas appeler cette métamorphose autrement, car les Smith Westerns semblent avoir gagné plusieurs années de maturité en l'espace de quelques mois. D'un garage-rock brutal et sémillant, ils passent à une sorte de glam atmosphérique, qui doit autant à Marc Bolan, leur icône, qu'à My Bloody Valentine. Peut-être que je ne m'y connais pas assez, mais je trouve le résultat inouï. En ce sens, l'objectif de la vidéo de McGinley est amplement atteint: à mon corps défendant, je me sens sidéré et admiratif devant cet ovni, cette brillance et cet éclat venus d'un autre monde. Il en ressort l'impression d'assister à la naissance d'un grand groupe. Cela se sentait déjà l'an passé, c'est désormais une certitude.

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